đŸ„Š Faut-il se dĂ©tendre avec l'alimentation de nos enfants ?

👋 Salut Les petits rĂ©sistants !

🌾 Il y en aura toujours pour dire qu’il n’y a plus de saison et de fait, le changement climatique pourrait bien leur donner raison, il n’empĂȘche : c’est le Printemps ! C’est le temps de la repousse, de la vie qui reprend et des soirĂ©es qui s’allongent. La bonne saison pour remettre le nez dehors et balancer, avec ses enfants, des bombes
 de graines. C’est bon pour le moral et pour la planĂšte !

Visuel par le compte Instagram @baslesmurs

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Avant d’attaquer ce nouveau numĂ©ro, on a une annonce Ă  vous faire.
đŸ—Łïž Demandez le programme ! AprĂšs le succĂšs de la sĂ©rie de confĂ©rence organisĂ©e l’annĂ©e derniĂšre en partenariat avec l’Emp, associations de parents d’élĂšves de Boulogne-Billancourt, on rempile avec une nouvelle promo : 3 nouveaux thĂšmes et des invitĂ©es expertes qui sauront vous dĂ©livrer des conseils avisĂ©s sans vous prendre la tĂȘte. Toutes les infos sur la page ActualitĂ©s.

🧡 Place au nouveau numĂ©ro. Bonne lecture Ă  toutes et Ă  tous !

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Au sommaire

  1. En tĂȘte Ă  tĂȘte avec Manon Brzostek, l’éducation aux petits oignons
  2. Le vrac d’actu - spĂ©cial bouffe ! - Ă  consommer sans modĂ©ration
  3. Le vrac d’actu - tout court - Ă  dĂ©vorer sans s’arrĂȘtr

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🧡 En tĂȘte-Ă -tĂȘte

Entretien avec une personnalitĂ© qui fait bouger le monde. De quoi semer les graines de l’engagement et cultiver l’optimisme.

Dans ce numĂ©ro, je rencontre Manon Brzostek. Orthophoniste star des rĂ©seaux sous pseudo Daronie food club, Manon vulgarise des donnĂ©es scientifiques pour aider les parents sur les questions d’alimentation pĂ©diatrique. Il aura suffi d’un partage de sa part sur la publicitĂ© et son impact sur le comportement alimentaire des enfants pour que je dise Ă  Manon : parlons. Alors ça a parlĂ© frite, injonctions sociĂ©tales, Ă©cran, Ă©ducation alimentaire avec une pincĂ©e de fĂ©minisme et une bonne dose de militantisme (doux). À table !

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Crédit photo Aurélie Morris

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Si vous ne saviez pas que les orthophonistes pouvaient ĂȘtre l’ami des parents et des enfants sur l’épineuse question de l’alimentation, vous n’ĂȘtes sĂ»rement pas seuls. La prise en charge des troubles sensoriels liĂ©s Ă  l’alimentation, des difficultĂ©s de mastication ou de dĂ©glutition c’est aussi leur rayon.

Manon confie : “L’alimentation est un sujet profondĂ©ment intime, source de nombreuses inquiĂ©tudes pour les parents. La grande majoritĂ© de ceux que je reçois se sentent coupables lorsque leur enfant refuse de manger certains aliments ou prĂ©sente des troubles alimentaires.”

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L’éducation (alimentaire, mais pas que) : sortir des injonctions

La faute Ă  qui, la faute Ă  quoi ? “Il y a depuis 5/6 ans une tendance Ă  valoriser une certaine forme de parentalitĂ©, avec un genre de cahier des charges Ă  respecter pour ĂȘtre le parent idĂ©al. Sur l’alimentation, il y aurait l’idĂ©e que, allaiter, puis assurer une diversification alimentaire parfaite notamment avec la DME (celle menĂ©e par l’enfant) devrait ĂȘtre l’option numĂ©ro 1. Cela crĂ©e beaucoup de culpabilisation chez les parents. Je le dis et le redis : il n’y a pas une voie royale et une mĂ©thode de diversification qui est mieux que l’autre.Et parce qu’on en venait Ă  parler Ă©cran sur notre histoire de publicitĂ©, Manon poursuit : “Ma rĂ©alitĂ© en cabinet, c’est que je vois beaucoup de parents qui doivent s’arrĂȘter de travailler car ils ont des enfants porteurs de handicap qui n’ont pas forcĂ©ment d’AESH pour s’occuper d’eux Ă  l’école et qui ont donc des emplois du temps scolaires Ă  trous, entre l’impossibilitĂ© d’ĂȘtre accueillis ou les rendez-vous mĂ©dicaux Ă  honorer. RĂ©sultat, les parents, souvent les mĂšres, passent leur journĂ©e avec leur enfant, sans temps pour elles. Je trouve que cette guerre faite aux Ă©crans est trĂšs validiste car c’est nettement plus facile de se passer d’écran avec un enfant qui n’a aucun problĂšme particulier.”

Pour rappel, le Haut Conseil de la SantĂ© Publique prĂ©conise “qu’avant l’ñge de 3 ans, les Ă©crans sont Ă  proscrire si les conditions d’une interaction parentale ne sont pas rĂ©unies.” Dans une Ă©tude parue en 2023 visant Ă  permettre “de mieux cibler les familles et les contextes oĂč ce temps d’écran excĂšde les recommandations”, SantĂ© Publique France avait alertĂ© sur les dĂ©passements des recommandations (56 min chez les enfants de 2 ans ; 1 h 20 chez ceux de 3 ans et demi ; et 1 h 34 chez ceux de 5 ans et demi) en pointant les risques cognitifs associĂ©s
 mais en soulignant “l’importance des contenus visionnĂ©s par les enfants et du contexte”. Elle serait lĂ , la variable d’ajustement ?

Manon de conclure sur ce sujet des Ă©crans : “Je vois ça comme une assiette Ă©quilibrĂ©e : il faut de tout pour faire une belle assiette. Je fais pareil pour une belle journĂ©e : des heures d’apprentissage Ă  l’école, des heures de repas; des temps de jeux, de mouvement et d’exercices et des temps d’écran, de rire et de cĂąlins.” Et vous, vous en pensez quoi ?

Fin de la parenthùse. Et revenons à nos moutons de l’alimentation !

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Le marketing alimentaire : ne pas se laisser berner

À l’origine de notre discussion, l’impact des Ă©crans dans l’alimentation de nos enfants. “Je me suis intĂ©ressĂ©e Ă  une Ă©tude qui a fait 2 groupes d’enfants. Le premier regardait un dessin animĂ© avec au milieu une coupure publicitĂ© et des spots pour des snacks. Dans l’autre groupe, la publicitĂ© n’était pas liĂ©e Ă  l’alimentation. On proposait ensuite aux enfants une collation. Le premier groupe consommait nettement plus de produits gras ou sucrĂ©s Ă  la collation, que le deuxiĂšme groupe. Cela pourrait juste ĂȘtre dĂ©primant mais moi ça me motive fort ! Je me dis qu’en nous servant positivement de ce genre d’informations, on peut vraiment avoir un impact et rendre les aliments sexy.”

Rien d’étonnant d’abord car le marketing agressif des produits alimentaires destinĂ©s aux enfants et adolescents est rĂ©guliĂšrement dĂ©noncĂ© par les associations, comme Foodwatch, qui accuse les industriels d’« Ă©laborer des stratĂ©gies Ă  la limite de la manipulation » incitant les enfants Ă  manger des produits trop gras ou trop salĂ©s. UFC Que Choisir dĂ©nonçait aussi cela en rappelant que “la France compte aujourd’hui 6 fois plus d’enfants obĂšses ou en surpoids que dans les annĂ©es 1960, avec des consĂ©quences graves pour la santĂ© Ă  l’ñge adulte (diabĂšte de type 2, hypertension artĂ©rielle, maladies cardiovasculaires
). Mais bien que la responsabilitĂ© des publicitĂ©s soit dĂ©sormais dĂ©montrĂ©e sans ambiguĂŻtĂ©, l’encadrement du marketing Ă  destination des enfants dĂ©pend encore largement du volontariat”.

8 % des publicités alimentaires destinées aux enfants promeuvent des produits particuliÚrement riches, notamment la restauration rapide, des confiseries ou du chocolat (source étude UFC Que Choisir - octobre 2020

Alors gaffe aux publicitĂ©s inopinĂ©es pendant les temps d’écran de vos enfants !

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Infographie UFC Que Choisir

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On ne vous dit pas merci messieurs les marketeux, mais on peut quand mĂȘme s’inspirer de vos idĂ©es pour faire aimer les brocolis Ă  nos chers petits : prendre des Ă©tiquettes Pat’Patrouille, des stickers Bluey ou Miraculous et les coller sur vos courgettes, carottes rĂąpĂ©es ou tout autre aliment boudĂ© par vos enfants. Ça ne serait pas une trĂšs riche idĂ©e ?

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Et en attendant de hacker le marketing, quelles solutions s’offrent à nous ?

“Je crois qu’il est important de passer par toutes les Ă©tapes sensorielles : regarder, sentir, toucher. C’est ce qu’on appelle la chaĂźne narrative du repas.” En un sens, redonner un sens au repas ? “Manger ce n’est pas juste
 manger. Aller sur les Ă©tals du marchĂ©, cuisiner, mettre la table, sentir les odeurs et entendre les bruits des casseroles, font aussi partie du jeu.”

Une sorte d’éducation alimentaire en somme qui fait Ă©cho Ă  cet entretien que nous avions eu avec Camille Labro, prĂ©sidente de l’association L’école comestible, dont la mission, au sein des Ă©coles, est d’éduquer les plus jeunes Ă  l’alimentation et au goĂ»t
 de la terre Ă  l’assiette. Camille nous avait partagĂ© ceci : “Nettoyer les lĂ©gumes, dĂ©couper, rĂąper, cuisiner, faire des prĂ©parations diffĂ©rentes
 Tout cela, ce sont les enfants qui le font et ils en sont hyper fiers ! Au cours des ateliers, on Ă©change, on rigole, on goĂ»te. Ce que nous proposons c’est de remettre de la joie dans l’alimentation avec les lĂ©gumes. Et ça fonctionne, les enfants s’éclatent !”En attendant que l’éducation alimentaire dĂ©barque Ă  l’école, ce serait donc Ă  nous parents, de nous y coller. Et pour cela, remettre de la joie et du cool dans les assiettes, serait selon Manon la premiĂšre des prioritĂ©s. Si vous ĂȘtes comme cette orthophoniste qui donne des frites, “une angoissĂ©e en sous-marin mais une optimiste du quotidien”, vous devriez y arriver !

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💡 La bonne reco de Manon Brzostek : le film d’animation “Marcel le coquillage (avec ses chaussures)” qui est tout Ă  la fois poĂ©tique, intelligent et percutant.

📆 Sortez votre agenda ! La premiĂšre Ă©dition du "daronie food tour" dĂ©barque Ă  Marseille le 27 avril prochain chez 123 SOLENE. Au programme, une journĂ©e food pour les familles avec des tables rondes et ateliers (alimentation et sommeil, alimentation pĂ©diatrique : du lait aux morceaux, ateliers d'exploration sensorielle, de cuisine avec une cheffe, d'Ă©criture etc ...). Toutes les infos sur le compte Instagram @daroniefoodclub dĂšs la semaine prochaine !

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đŸ—žïžđŸ„Š Le vrac d’actu (spĂ©cial bouffe !)

Un condensĂ© d’infos engagĂ©es Ă  consommer sans modĂ©ration.

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👉 Revers et coup vert en plastique ! On en parlait dans un prĂ©cĂ©dent numĂ©ro, la loi Egalim de 2018 prĂ©voyait de bannir au 1er janvier 2025 “les contenants alimentaires de cuisson, de rĂ©chauffe ou de service en matiĂšre plastique” dans les cantines scolaires et universitaires, ainsi que dans les Ă©tablissements d’accueil des enfants de moins de 6 ans. Le 28 janvier dernier, un dĂ©cret vient prĂ©ciser l’application de la loi et vise : les objets utilisĂ©s pour “la consommation des plats, y compris la vaisselle et les couverts”. L’industrie du plastique crie au scandale jugeant le dĂ©cret trop large. Le gouvernement recule en modifiant discrĂštement le dĂ©cret : les assiettes, cuillĂšres ou fourchettes en plastique n’allaient plus ĂȘtre concernĂ©es par la loi. Les associations Ă©cologiques et parents d’élĂšves s’insurgent Ă  leur tour. Finalement, le gouvernement revient sur ses pas et promet une nouvelle loi qui devrait, pour de bon : “permettre d’interdire tout ce qui est en plastique dans les cantines scolaires.” Attention, on vous regarde.

Rappel : l’utilisation de contenants et couverts en plastique est catastrophique d’un point de vue Ă©cologique mais aussi de santĂ© publique : les contenants, en particulier lorsqu’ils sont chauffĂ©s, libĂšrent des perturbateurs endocriniens, dont l’impact sur la santĂ©, spĂ©cialement celle des enfants dont l’organisme est en pleine croissance, est rĂ©elle selon les Ă©tudes scientifiques.

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👉 Bienvenue au nouveau Nutricscore.

C’est fait ! AprĂšs de nombreuses tergiversations (encore une histoire de lobbies), le Nutriscore, nouvelle mouture, a finalement Ă©tĂ© validĂ© le 14 mars dernier. Son principe (celui d’aider Ă  mieux dĂ©crypter la qualiĂ© nutritionnelle des produits) est toujours le mĂȘme, mais sa base de calcul change. 30 Ă  40 % des produits devraient ĂȘtre impactĂ©s.

Les principales modifications portent sur les catégories suivantes :

  • Les huiles ayant une teneur en acides gras saturĂ©s plus faible, comme l’huile d’olive, de colza ou de noix, seront notĂ©es B et non plus C ;
  • La note de certains poissons gras, riches en omĂ©ga 3 (sardines, maquereaux
) va s’amĂ©liorer ;
  • Il sera plus facile de diffĂ©rencier les fĂ©culents complets (pain, riz) des fĂ©culents raffinĂ©s ;
  • Les produits salĂ©s et sucrĂ©s seront plus sĂ©vĂšrement notĂ©s ;
  • L’eau sera la seule boisson notĂ©e A, les boissons Ă  faible teneur en sucres seront mieux notĂ©es ;
  • Les boissons avec Ă©dulcorant ne seront plus notĂ©es B mais de C Ă  E ;
  • Le score du lait, des laits aromatisĂ©s et sucrĂ©s, des yaourts Ă  boire et des boissons vĂ©gĂ©tales (amande, soja, riz
) sera calculĂ© avec l’algorithme des boissons pour faciliter la comparaison.

Pour rappel, la notation n’est pas obligatoire. Et certaines marques ont donc choisi d’y renoncer. En mĂȘme temps, on les comprend
 Si on avait pu Ă©viter que nos mauvaises notes n’apparaissent sur notre bulletin, on l’aurait aussi fait. Les entreprises engagĂ©es ont dĂ©sormais « deux ans pour mettre Ă  jour leurs emballages et apposer le nouveau Nutri-Score ».

En attendant, merci. On pourra encore davantage se dĂ©tendre pour choisir les biscuits de nos enfants (mĂȘme si on sait bien qu’en vrai, le pain et les banana breads maison c’est mieux).

Infographie Santé Publique France

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đŸ—žïž Le vrac d’actu (tout court)

Un condensĂ© d’infos engagĂ©es Ă  consommer sans modĂ©ration.

👉 Passe Ă  ton voisin. Le 18 mars dernier, on cĂ©lĂ©brait la JournĂ©e mondiale du recyclage. Vous ĂȘtes passĂ© Ă  cĂŽtĂ© de cette info et vous n’avez pas eu l’occasion de rĂ©flĂ©chir Ă  la gestion de vos dĂ©chets comme vous y invite cette journĂ©e ? Qu’à cela ne tienne, on va le faire pour vous avec le partage d’une trĂšs belle initiative. Ça s’appelle BeLoop et ce projet vous aide Ă  gĂ©rer intelligemment vos tas de vĂȘtements d’enfants dont tous les 6 mois vous ne savez plus que faire (donner-mais-Ă -qui? / revendre-mais-j’ai-pas-le-temps). Beloop met en relation des parents d’un mĂȘme quartier pour Ă©changer les affaires de nos enfants. Tout simplement.

👉 Mais oĂč est passĂ©e la loi anti fast-fashion ? VotĂ©e Ă  l'unanimitĂ© le 14 mars 2024 Ă  l'AssemblĂ©e nationale, cette proposition de loi encadre les pratiques de l'industrie textile, dont les impacts sur les droits humains et l'environnement sont ravageurs (sont visĂ©es donc notamment les pratiques des entreprises d’ultra fast-fashion chinoise Temu et Shein). Sauf que, sauf que
 un an plus tard, elle n’a toujours pas trouvĂ© le chemin du SĂ©nat. Et ça s’agite en coulisse pour dĂ©tricoter la loi. RĂ©sultat des courses : Ă  date, pas de confirmation officielle de mise Ă  l’ordre du jour du vote au SĂ©nat et un nouveau texte de loi revu et corrigĂ© au bĂ©nĂ©fice des entreprises de la fast fashion et au dĂ©triment des droits humains, de l’environnement et des consommateurs. Affaire Ă  suivre.

👉 “Je m’informe par Tik Tok, Snap, Insta. C’est la base.” À l’occasion de la Semaine de la presse et des mĂ©dias Ă  l’école, l’émission de France Inter “Grand bien vous fasse” donne la parole aux adolescents et propose des outils pour distinguer la vraie info, le divertissement, et les fake news. Un peu flippant mais follement intĂ©ressant. À mettre dans vos oreilles et celles de vos adolescents.

👉 Faire de l’école une safe place. La ministre de l’éducation Elisabeth Borne a annoncĂ© un plan contre les violences Ă  l’école. Il prĂ©voit notamment d’envoyer, dĂšs la rentrĂ©e 2025, des questionnaires aux Ă©lĂšves en internat et aprĂšs les voyages scolaires (dĂšs lors qu’ils comportent une nuitĂ©e), afin de systĂ©matiser “le recueil de la parole”.

👉 Il y avait le fameux “t’es Ă©colo mais t’as un Iphone ?”, il y a maintenant le “t’es Ă©colo mais t’as un enfant?”. Écoutez la chronique de GaĂ«tan Gabriele de Vert le mĂ©dia sur France Inter pour savoir si vous ĂȘtes carrĂ©ment Ă  cĂŽtĂ© de la plaque ou juste un humain presque comme les autres qui se plait Ă  cultiver l’optimisme (et Ă  Ă©duquer des Petits rĂ©sistants ?)

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