🏫 Est-ce qu'à l'école, tout fout le camp ?

👋 Salut Les petits résistants !

Lundi dernier, j’interviewais Emma Bertoin pour refaire le monde sur l’école de demain. Et le jeudi, je recevais un mail de la directrice de l’école primaire de mon fils : “Chers parents, pouvez-vous ramener des ramettes de papier ? Cela nous dépannerait.” Information prise auprès de la directrice : “Le prix du papier a explosé. La mairie alloue 40 Euros par enfant pour les fournitures (manuels scolaires, scotch, ramette and co tout compris) et nous sommes au bout du budget. J'ai appelé les autres écoles du quartier pour en emprunter mais tout le monde est à court.” J’ai partagé sur les réseaux et les indignations ont plu sur le manque de moyens de l’école de la République. Car le sujet ne se limite pas qu’aux ramettes, c’est aussi parfois celui du papier toilette. Et pas que. Bref.

En 2025, l'école a besoin de ramettes de papiers, de papiers toilettes et de toner. Ok.
Mais nous, on aurait besoin d'une école qui se concentre sur l'essentiel : instruire, émanciper et préparer les citoyens de demain. Le tout avec des moyens (financiers et humains).

On en parle donc avec Emma Bertoin.

🧡 Place au nouveau numéro. Bonne lecture à toutes et à tous !

Au sommaire

1. Évènements pour s’informer, s’inspirer et faire face au monde !

2. En tête à tête avec Emma Bertoin, militante de l’éducation

3. Le vrac d’actu à consommer sans modération

4. L’actu en continu

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📢 Évènements

Pour s’informer, s’inspirer et faire face au monde !

‍👉 Notre conférence en partenariat avec l’E-mp, association de parents d’élèves de Boulogne Billancourt.

Tomber dans le piège des réseaux sociaux, c’est facile et on n’en mesure pas forcément les dangers. Contenus inappropriés et dépendance aux écrans : les parents peuvent-ils accompagner un usage raisonné des réseaux ou doivent-ils les interdire ? On en parle avec Axelle Desaint, invitée experte d’exception, directrice générale d’Internet Sans Crainte et membre expert de la Commission Écrans de l’Élysée.

Si vous avez vu la série Adolescence, vous aurez forcément envie de venir écouter… On ne vous dit que ça ! Rendez-vous en visio, mardi prochain, à 20h30. C’est gratuit. Faites passer le mot. Et inscrivez-vous ici !

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👉 La Nouvelle Agora.

C’est la 1ère conférence-spectacle d'enfants et d'ados et ça pourrait peut-être brancher vos enfants !

Ce spectacle a été pensé pour lutter contre les discriminations subies par la jeunesse et valoriser leur parole, leurs compétences et leurs initiatives. Les enfants sont invités à prendre la parole (mini-conférences, témoignage d’une expérience personnelle, sensibilisation à une cause importante, etc.) sur le thème “Quand hier rencontre demain” pour explorer ce qui nous construit, ce qui nous attend, et ce que nous voulons changer. Les candidatures sont ouvertes jusqu’à la fin du mois. Rendez-vous à l’automne 2025 dans une grande salle de théâtre parisienne pour le show !

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🧡 En tête-à-tête

Entretien avec une personnalité qui fait bouger le monde. De quoi semer les graines de l’engagement et cultiver l’optimisme.

Dans ce numéro, je rencontre Emma Bertoin. Avec le mouvement l’École Change Demain, une association loi 1901 citoyenne et apartisane, elle réunit des professeurs, parents et élèves dans toute la France pour imaginer ensemble l’École dont ils rêvent pour Demain. Tout un programme ambitieux, mobilisateur et joyeux, établi en vue des élections municipales et présidentielle, auquel vous devriez adhérer.

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Emma est passionnée d’éducation depuis toute petite. À 8 ans, elle met la main sur un livre de Maria Montessori et à 10 ans elle écrit à Jacques Chirac : “Monsieur le Président, il est temps de reprendre vos études et renouveler vos idées!” Incroyable ? Mais vrai.

Au fil de ses études et de ses premières expériences professionnelles, Emma garde le fil des sujets d’éducation et se frotte à ceux de l’intelligence collective. Elle fait le constat suivant : “L’éducation nationale est un mammouth ! Il y a beaucoup de concertations faites par le ministère mais ce sont souvent les cadres intermédiaires du ministère qui sont sollicités, et non pas les professeurs et les élèves. Quand je demandais aux politiques (élus, ministres, etc.) comment ils se connectaient au terrain, ils admettaient pour la plupart qu’il n’y avait pas d’espace démocratique qui permette de maintenir ce lien entre les décideurs et le terrain. Côté professeurs, je constatais qu’il y avait une vraie perte de sens de leur métier.”

Alors, face à l’opacité du système éducatif et au manque d’écoute des acteurs de terrain, elle décide de lancer une tournée avec des parents pour structurer un plaidoyer collectif pour 2026-2027. Ainsi naît L’École Change Demain.

La perte de sens de l’école à l’école

La perte de sens est ce qui semble être le dénominateur commun des professeurs et des élèves dans la perception de l’école.

Emma l’affirme : “Du côté des enseignants, avant le sujet de la rémunération, il y a le sujet de la reconnaissance et la solitude. C’est la raison pour laquelle nous militons pour que les enseignants puissent se connecter davantage entre eux et qu’il y ait plus d’intelligence collective au sein des établissements. Il y a aussi le sujet de la formation. Tous les enseignants nous disent que les premières années sont extrêmement éprouvantes car ils n’ont pas les ressources nécessaires, doivent financer leurs envies et besoins de formation avec leur argent personnel !”

Derrière tout cela ajoute Emma, “il y a ce sentiment de perte de sens et de désalignement profond avec la vision de l’institution créée sur une vision d’adulte.” Une question de vision au fond ? À quoi sert l’école aujourd’hui ? Qu’est-ce qu’on attend du parent, du professeur, de l’animateur du périscolaire ? “L’école que l’on connaît aujourd’hui est celle de la 3ème République, celle qu’on a pensée pour servir l’utopie de la démocratie qui se résumait à former des citoyens loyaux envers la République. Aujourd’hui cette vision ne suffit plus à justifier les sacrifices ou les compromis.”

Et les élèves dans tout cela ? “Les plus jeunes globalement aiment bien l’école, ils sont encore dans l’émerveillement de l’apprentissage. Il y a aussi une minorité pour qui c’est très compliqué : trop sensible, trop de bruit, des difficultés d’apprentissage et des difficultés à la maison qui ne peuvent pas être prises en compte par l’école. Malheureusement, derrière, ces élèves sont en décrochage scolaire. Quant aux plus grands, il y a une vraie perte de sens : pourquoi je suis à l’école ? Pourquoi on n’apprend pas la vraie vie ? Ils sont assez perspicaces sur ce qu’ils veulent en réalité : ils souhaiteraient plus d’apprentissage entre pairs, plus d’enseignements à l’extérieur, et ils ont une vraie conscience des enjeux environnementaux et sociaux. En général, leurs constats rejoignent ce que les adultes manifestent comme besoin.”

Les enjeux autour de la relation parent-prof

Pour réinventer l’école de demain, il faudrait repenser les relations. Les fameuses réunions parents-profs qui ne se cantonneraient définitivement pas à un entretien annuel. Emma confie : “Aujourd’hui c’est admis pour les enseignants et les acteurs éducatifs que la clé est la co-éducation. Il faut un continuum entre ce que vit l’enfant à l’école et ce qu’il vit à la maison. Il faut une alliance éducative entre tous ces acteurs et former une équipe cohérente autour de l’intérêt de l’enfant.” Et comment faire concrètement pour remettre les parents dans la vie de l’école ? “Aujourd’hui les enseignants sont en demande d’une relation renouvelée. Les parents pourraient venir partager leur métier, participer à des compétences à l’intérieur de l’école.”

À quoi ressemblerait l’école de demain ?

L’objectif final : remettre du sens et de la joie au cœur des apprentissages pour tous les acteurs de l’éducation. Ah ça, on n’est pas contre ! Emma résume : “Cela passe par de la coopération au sein de l’établissement entre adultes et enfants, et cela intègre aussi nécessairement le sujet de la formation des enseignants. Je rêve aussi qu’il y ait une personne dédiée au sein de chaque établissement pour faciliter les relations au sein de l’établissement mais aussi avec les parties prenantes extérieures.” Une personne qui pourrait coordonner notamment les prises en charge particulières en cas de difficultés familiales (cas de violences par exemple). “Il faut viser une école plus juste et heureuse pour tous : enseignant, élève et parent.” Ça vous dit ?

Le Tour de France de l’École Change Demain continue encore en 2025. Si vous voulez y participer, faire entendre votre voix et rejoindre le mouvement citoyen pour l’Ecole, rendez-vous ici.

Objectif final : un plaidoyer pour les élections municipales et présidentielles et porter le message aux politiques. Chiche ? Cap sur 2026 et 2027 !

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🗞️ Le vrac d’actu

Un condensé d’infos engagées à consommer sans modération.

👉 🔞 Conso pas responsable. Depuis le 31 mars, TikTok Shop est disponible en France pour ses 25 millions d’utilisateurs (vous avez bien lu : vingt-cinq millions). Le principe : des achats possibles via des vidéos ou lives depuis l’application, sans jamais en sortir. Les personnes de moins de 18 ans n’auront pas accès “au contenu comportant des liens vers des produits TikTok Shop” précise l’entreprise chinoise.

“Il est important de bien s’inscrire en tant que mineurs sur les réseaux sociaux pour bénéficier de ces paramètres par défaut et pour éviter que des jeunes ne soient exposés à des incitations à la consommation trop fortes” rappelle Internet Sans Crainte qui appelle à la vigilance les parents."

👉 Mieux vaut tard que jamais. Un amendement à la proposition de loi sur les violences sexuelles et sexistes a été déposé au nom du gouvernement lundi 31 mars, pour que les professionnels exerçant au contact d’enfants suivent une “formation obligatoire sur la détection des abus sexuels”.

“Ce qu'on va faire dans le cadre de cette loi, c'est d'imposer une formation obligatoire à tous les professionnels qui sont au contact des enfants, les professionnels de la santé, du médico-social, les enseignants, les animateurs culturels, sportifs, tous les professionnels, sur la détection des abus sexuels”, a précisé la ministre Aurore Bergé.

Affaire à suivre sur le vote ou non de cet amendement et les moyens mis en place pour son application. On vous regarde messieurs-dames les députés. 👀

👉 Crise d’ado. Vous avez sans doute regardé ou vu passer la série évènement Adolescence ? La mini-série de Jack Thorne et Stephen Graham diffusée sur Netflix explore des enjeux sociétaux profonds : l’influence des réseaux sociaux et des thèses masculinistes, la violence, la misogynie et les rapports filles-garçons. Au Royaume-Uni, le 1er ministre a décidé de sa diffusion dans les écoles. En France, la série ne sera pas au programme des collégiens.‍

« C’est bien de montrer concrètement quels sont les risques de tous ces réseaux sociaux et de sensibiliser les élèves à la nécessité de prévenir ces violences (…) Mais je pense qu’on a aussi de bonnes séries françaises et d’autres ressources pédagogiques » déclare Elisabeth Borne.

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🗞️ L’actu en continu

Le fil rouge de l'info de numéro en numéro.

👉 Pas de plastique dans les cantines… ni dans les rayons ! On vous en a parlé dans le dernier numéro : après une passe d’armes entre gouvernement, lobbies et associations de consommateurs, une loi devrait finalement voir le jour pour sécuriser la disparition totale du plastique dans les cantines scolaires.

Contactée par Les petits résistants, Tania Pacheff, fondatrice et porte-parole de l’association Cantine sans plastique, nous livre son analyse et les prochains combats de l’association :

“Aujourd’hui, il semble que nous avons réussi notre combat pour interdire l’usage du plastique dans les cantines scolaires. Mais attention, les lois restent fragiles et peuvent être remises en cause. Il nous faut rester vigilant et nous allons nous assurer, non seulement de sécuriser ces avancées mais aussi d’aller plus loin en interdisant totalement les plastiques dans l’alimentation infantile. Aujourd’hui, si vous allez dans les rayons des supermarchés, vous constaterez que l’immense majorité des contenants des produits alimentaires pour les petits sont en plastique. D’un côté, les consommateurs présument que les produits sont sûrs puisqu’ils sont disponibles en rayon, et de l’autre, les industriels multiplient les pratiques de greenwashing. C’est un véritable scandale sanitaire et notre objectif est désormais de protéger les nourissons en instaurant une réglementation stricte sur ces contenants.”

Pour être clair : les industriels qui vous expliquent que vous pouvez réchauffer les petits pots en plastique de vos bébés au micro-onde… se moquent du monde.

👉 Loi anti fast fashion, enfin l’épilogue? On vous en a (aussi) parlé dans le dernier numéro, après des semaines et des mois de tergiversations, la date est tombée : la proposition de loi visant la "fast-fashion" sera examinée le 2 juin prochain au Sénat. Au cœur des débats, la définition même de la notion de fast-fashion. Comprendre : la loi doit-elle venir réguler uniquement les plateformes chinoises Shein et Temu (que l’on appelle “ultra fast-fashion”) ou viser aussi plus largement la fast-fashion ce qui reviendrait à cibler certaines des enseignes préférées des Français comme Décathlon ou Kiabi (enseigne qui vient par ailleurs d’annoncer des performances records en 2024 grâce principalement à ses ventes des rayons bébé et enfant) ?

Sylvie Valente Le Hir, la rapporteure de la loi, assume au micro du média CM-CM.fr, le premier média qui décrypte la seconde main : une marque comme Kiabi “s’occupe de chaque consommateur, de chaque habitant de nos territoires, de l’enfant à la personne âgée, je ne veux pas toucher ces gens d’un centime”.

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