✊ Tout, vous saurez tout sur le zizi.

👋 Good morning ! Et bienvenue dans cette nouvelle édition de la newsletter des Petits résistants dans laquelle on va parler éducation à la sexualité des jeunes enfants, consentement et prévention des violences sexuelles. Chez Les petits résistants, vous le savez, on adore cultiver l’optimisme et la joie mais là, dans l’immédiat, la réalité des chiffres nous fait prendre le mur.

🚩 Chaque année, en France. Chaque année, en France (je répète). Et c’est sidérant :

  • 2 à 3 enfants par classe, touchés par l’inceste
  • 160 000 enfants victimes de violences sexuelles.

Et que fait-on pour empêcher cela ?
Depuis 2001, l'éducation à la sexualité est obligatoire dans les écoles, les collèges et les lycées. En pratique, il ne se passe pas grand-chose (15% seulement des établissements s’y colleraient) : la faute à un manque de moyens et de formations des enseignants qui doivent en plus faire face à l’opposition ou les peurs de certains parents.

Le sujet est tabou car empreint de croyances religieuses, morales, culturelles, sociales, et brouillé par une montagne d’idées reçues et d’informations trompeuses (on en parle plus bas ! 👇). Nous ne sommes pas à l’aise, alors on ne parle pas.

Seulement 3 parents sur 10 parlent de sexualité (35 % à leurs filles, 28 % à leurs fils) et de consentement (37 % à leurs filles, 32 % à leurs fils) à leurs enfants par crainte de les choquer.

Mais dites-vous bien une chose : on aura beau s’escrimer à mettre le sujet sous un couvercle pour cultiver l’ignorance et la naïveté de nos bébés, il viendra forcément toquer à la porte de nos enfants. De la plus belle ou la pire des manières (relisez les chiffres). Mais d’une façon ou d’une autre. Préférez-vous en parler avec vos mots bien choisis, armer vos enfants pour leur éviter des situations désagréables, ou laisser le sujet à la cour de récré et aux aléas de la vie ?

« On n'éduque pas nos enfants mais la pornographie le fait à notre place ».

Israël Nisand, Professeur de gynécologie obstétrique et Directeur Médical et Universitaire de l’Hôpital Américain de Paris

🚀 Allez, on contredit les chiffres ? 🚀

📆 Avant de rentrer dans le vif du sujet, deux petits rappels agendas :

📌 Les élections européennes c’est dimanche prochain ! Point d’avancées majeures sur l’environnement, les sujets de consommation, les questions sociétales, la santé environnementale (perturbateurs endocriniens and co) sans politiques publiques ambitieuses qui viennent contraindre, imposer ou encourager. Allez déposer votre bulletin pour faire mentir les prévisions de l’abstention ! 🗳️

📌 Rendez-vous mardi prochain (le 11) à 20h30, pour assister à notre nouvelle conférence en ligne organisée en partenariat avec l’association de parents d’élèves l’E-mp. Au menu cette fois : les bonnes pratiques à adopter pour une alimentation équilibrée au petit déjeuner et au goûter de vos enfants. Nous échangerons sur le sujet avec Solène Collin, nutritionniste pédiatrique et vous repartirez avec les bons conseils nécessaires pour éviter le piège des Chocapic et des Pépitos à gogo ! Je m'inscris.

🧡 Place au nouveau numéro. Bonne lecture à toutes et à tous !

Pour les nouveaux qui voudraient se faire un petit rattrapage, les anciens numéros sont par ici.

Au sommaire

1. En tête à tête avec Margaux Terrou, éduquer, liberté, égalité.

2. Les fausses bonnes idées : pour dire bonjour ? un bisou toujours !

3. L’actu qu’il fallait pas louper : un programme pour tout changer ?

4. C’est cadeau : les liens utiles

5. C’est cadeau : la biblio éducation sexo

🧡 En tête-à-tête

Entretien avec une personnalité qui fait bouger le monde. De quoi semer les graines de l’engagement et cultiver l’optimisme.

Dans ce numéro, je rencontre Margaux Terrou. Femme engagée, sportive affirmée, sexologue et maman de Petit résistant, avec un caractère aussi bienveillant que bien trempé, elle nous partage ses convictions féministes qu’elle compte bien mettre au service d’une société plus égalitaire. Portrait.

Margaux Terrou

Il était une fois une petite fille plutôt introvertie mais très curieuse, passée par les affres d’une scolarité cabossée non par les notes mais par le chahut violent de ses camarades à son égard. Sans jamais couler, elle s’est donnée à fond dans la natation, nageant jusqu’au Championnat de France, évitant de regarder la ligne d’à côté pour avancer. Si elle déteste la compétition, Margaux a le goût du challenge, et elle retient de cette pratique à haut niveau, l’importance de l’abnégation et de la ténacité; qualités qu’elle compte bien transmettre à son petit garçon pour qu’il prenne habilement les vagues de la vie. Un peu d’empowerment à insuffler en somme, de la même manière que ses parents lui ont montré que ses possibilités en tant qu’enfant, plutôt que fille - était-ce seulement un sujet ? - étaient infinies.

Sortie du lycée, Margaux passe par les bancs de l’école de commerce et atterrit à Londres, en tant que chasseuse de têtes dans la finance. Quand elle comprend que ses collègues masculins sont, à poste égal, mieux rémunérés qu’elle, Margaux bondit. Quand à longueur d’entretien, elle voit les femmes se dévaloriser et demander des salaires beaucoup plus bas que ceux auxquels elles pourraient prétendre, Margaux désespère. Et c’est son déclic d'engagement. Elle monte alors à Londres le premier réseau professionnel pour les femmes françaises qui réunira jusqu’à 1 500 membres.

Et comme “le féminisme c’est une boîte de pandore”, Margaux prend le chemin du militantisme duquel elle ne sortira plus. Mais au fait c’est quoi le féminisme ? “Un mouvement qui prône l'égalité entre les hommes et femmes sur le plan économique, politique et social.” Margaux le revendique inclusif, et surtout refuse d’être réduite à cela, elle qui regrette que la nuance n’existe plus dans la société actuelle et qui rêve pour son enfant d’un “monde plus doux dans lequel les extrêmes se fassent moins entendre.”

Année 2020. À la faveur du confinement et d’une vie professionnelle ralentie, Margaux se questionne sur ses envies profondes et se rappelle de son aspiration première, celle de devenir gynécologue (“j’ai toujours été fascinée par le corps des femmes”). Elle qui en abordant l’égalité professionnelle était à la croisée des chemins du professionnel et de l’intime, elle décide en se formant à la sexologie d’explorer les chemins plus personnels de ses patients pour leur venir en aide. À la faveur de ces rendez-vous, elle observe un dénominateur commun chez ses patients : la volonté de se conformer aux normes de la société, sans vraiment s’interroger sur leurs désirs personnels ni se débarrasser des tabous.

En tant que thérapeute et féministe, Margaux encourage à la parole. Et lorsqu’elle la prend justement pour porter le sujet de l’éducation à la sexualité des enfants auprès des parents, elle invite à poser des mots et à échanger, sans projeter son regard d’adulte : “Parler de sexualité avec son enfant, ce n’est pas parler de sa propre sexualité.” En nommant les parties intimes par leur nom par exemple ? “Oui c’est très important de poser les vrais noms.” Sans honte, ni embarras, pour permettre aux enfants de mieux comprendre leur corps, et qu’ils soient aptes à communiquer clairement en cas de comportements inappropriés ou d'abus. Dont acte.

L’engagement, la résilience, l’égalité… Quand on est féministe et que l’on devient maman, c’est tout cela que l’on veut insuffler ? “Avec mon mari, la valeur première que nous souhaitons transmettre à notre fils, c’est celle du respect; celui de son propre corps et de ses envies mais aussi le respect des autres.” Tiens donc ! Margaux admet que quand elle voit son fils bouger partout, cela interroge parfois son féminisme; elle qui pourrait se surprendre à dire quand elle voit les petites filles de ses copines un peu moins agitées que son fils : “Quand même… les garçons ça bouge plus que les filles non ?” Ah ah ! Et vous, vous en pensez quoi ? Peu importe sûrement, si au fond, in fine, c’est l’égalité qui l’emporte non ?

📍La bonne reco de Margaux Terrou

La brasserie Quai Ouest à Saint-Cloud pour un brunch kids friendly !

🙅🏽‍♀️ La fausse bonne idée

Je débunke pour vous la fausse bonne idée du parent qui veut super bien faire. Because nobody’s perfect. Sauf ma mère.

Au rayon des fausses bonnes idées, dans cette édition, non pas 1 mais 4 idées reçues à débunker ! C’est parti.

Cette rubrique est réalisée en collaboration avec Margaux Terrou, sexologue, et spécialiste des questions d’éducation à la sexualité.

  1. Ne pas parler de sexualité avec ses enfants pour éviter qu’ils n’aient une vie sexuelle trop précoce.

“L’éducation sexuelle ne précipite pas l’activité sexuelle, bien au contraire elle a un impact positif sur les comportements sexuels sains et peut retarder les premières activités sexuelles” (UNESCO, 2009).

Ainsi, selon une étude américaine publiée en 2019, les enfants ayant bénéficié de discussions ouvertes seraient plus susceptibles d'utiliser des préservatifs et d'être honnêtes avec leurs parents au sujet de leurs expériences sexuelles. La conversation sur le sexe a eu des bénéfices encore plus marqués lorsqu’elle a eu lieu avant l’âge de 14 ans, et lorsqu’elle a duré au minimum 10 heures au total.

  1. Demander à son enfant de faire un bisou aux adultes pour dire bonjour
  2. En forçant un enfant à embrasser quelqu'un, même un membre de la famille ou un ami, on leur envoie le message que leurs sentiments et leurs limites corporelles ne sont pas importants. En termes d’éducation au consentement, c’est franchement pas terrible.

→ Pas question pour autant de renier les règles de politesse élémentaires. Proposer à l’enfant de trouver ensemble une manière de dire bonjour qui lui convienne : poignée de main, un salut de la main, un sourire, un salut verbal. Au choix ou en cumulé !

→ Message donné à l’enfant :

  • “Tu as le droit de mettre des limites en matière de contact physique, on respecte ton choix.”
  • Sentiment de confiance et sécurité renforcé.
“Comment fait-on les bébés et autres questions gênantes”, Pomme d’Api n°637, mars 2019. Texte Anne Bideault. Illustrations : Jean-Louis Cornalba.
  1. Parler de zizi, zézette pour ne gêner… personne ?

“Il faut arriver à enlever toute cette hypersexualisation que nous en tant qu’adulte nous avons intégré tout au long de notre vie et revenir à une approche beaucoup plus frontale et simple, celle que les enfants ont avec leur corps.” Julia Pietri auteur de "Le petit guide de la foufoune sexuelle".

Il est important de nommer les parties génitales de manière appropriée et précise lorsque l'on parle de sexualité avec son enfant. Pourquoi ?

→ Utiliser les termes corrects aide les enfants à mieux comprendre leur corps.

→ Ils sont mieux équipés pour communiquer clairement s'ils sont victimes d'abus sexuels.

→ Avoir un vocabulaire précis permet aux enfants de poser des questions et de recevoir des réponses claires.

  1. Ne pas parler de risque d’agressions sexuelles pour ne pas traumatiser l’enfant
  2. Les recommandations pour échanger avec son enfant :

→ Adapter le discours à l’âge de l’enfant.

→ Parler du fait que c’est une possibilité (“Oui, parfois il y a des personnes qui peuvent avoir des mauvaises intentions.”) et rester focus sur le positif (“La majorité des adultes et des enfants sont bienveillants et respectueux”)

→ Utiliser des ressources adaptées (voir plus bas 👇)

→ Faire savoir à l'enfant qu'il peut toujours venir vous parler s'il se sent mal à l'aise ou s'il a des questions.

Vos enfants sont-ils traumatisés lorsque vous leur parlez des dangers potentiels liés au soleil (“mets de la crème s’il te plaît!”) ou à la route (“attention en traversant!”) ? interroge Margaux Terrou. Alors ? ;-)

🤓 L’actu qu’il fallait pas louper

En matière d’éducation à la sexualité, l’actualité la plus chaude date de mars dernier, et il ne fallait vraiment pas la rater.

Le saviez-vous ? Sans doute pas ! Car 60% des parents ne connaissent pas l’existence de cette obligation légale : l’éducation affective et sexuelle dans les écoles, les collèges et les lycées, est obligatoire depuis une loi de 2001 à raison de 3 séances par an. En pratique : moins de 15% des élèves bénéficient de ces séances.

En réponse, le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse a mis sur pied un projet de programme détaillé d’éducation à la sexualité, dévoilé le 5 mars dernier. Quelques extraits, à titre d’exemple, de ce qui est proposé :

👉 En maternelle : on parle d’éducation à la vie affective et relationnelle. Et notamment : “Apprendre à connaître son corps”, “comprendre ce qu’est un secret”, “identifier les adultes de confiance et apprendre à faire appel à eux” ou encore “vivre l’égalité entre les filles et les garçons et la liberté d’être soi-même dans les temps et les lieux de l’école”.

👉 En primaire : les objectifs fixés sont notamment, de « grandir en s’estimant soi-même et en protégeant son intimité », « explorer la question du consentement », « repérer et examiner les stéréotypes de genre » ou encore « connaître ses droits et se protéger dans les relations avec les autres et dans les réseaux sociaux ». Par exemple :

→ En CP : il est proposé aux enseignants de « nommer précisément les parties du corps, dont les parties intimes, en utilisant les termes scientifiques ».

→ En CE1, les enseignants pourront “lire des albums présentant différents types de familles et comprendre qu’il en existe une grande variété (hétéroparentale, monoparentale, homoparentale, adoptive, recomposée, sans enfant, etc.)”

👉 Au collège - par exemple

→ En 6ème : “comprendre et apprendre à vivre les changements de son corps.”

→ En 5ème : “développer librement sa personnalité : savoir s’affirmer sans se sentir obligé ou contraint.”

→ En 4ème : “mettre en place et examiner les différentes définitions de la sexualité : reproduction, désir d’enfant, plaisir, amour, etc.”

→ En 3ème : “Construire une relation réciproque et égalitaire ; savoir caractériser les situations problématiques.”

👉 Au lycée - par exemple

→ En 2nde : “Prendre conscience que la distinction biologique entre homme et femme ne détermine pas les expressions, les comportements et les rôles qualifiés de « masculins » et de « féminins ».”

→ En 1ère : “La question du consentement : désirer, vouloir, donner vraiment ou refuser son accord – comment ne pas subir ?”

→ En terminale : “Comprendre les fondements et les mécanismes de la fabrique culturelle de l’excitation et de ses modèles (pornographie et violence) dans une société d’images et de réseaux qui ne laisse que peu de place à l’imaginaire” à l’occasion d’atelier.

Le projet précise “qu’au-delà du corps enseignant, les personnels de vie scolaire et les médecins et psychologues présents dans l'établissement seront aussi impliqués. Des associations extérieures, aux compétences « reconnues et agréées », pourront également intervenir en présence d'un ou plusieurs professeurs responsables.”

À date, ce programme est à l’état de projet et fait l'objet d'une consultation, avant une potentielle mise en œuvre à la rentrée 2024.

🎁 C’est cadeau : les liens utiles

👉 Pour reconnaître les signaux qui doivent alerter et signaler les violences sexuelles faites aux enfants : par ici

👉 1 enfant sur 3 de moins de 12 ans a déjà été exposé à du contenu pornographique. La plateforme d’information à destination des parents pour lutter contre l’exposition des mineurs aux contenus pornographiques en ligne, est disponible par là.

🎁 C’est cadeau : la biblio

Parce que vous avez mieux à faire que des recherches Google, je vous fais une sélection de ressources pour échanger avec vos enfants et avec les bons mots, sur le sujet de la sexualité et du consentement.

👉 3 ans - 5 ans

- “Et si on se parlait” (tome pour les 3-5 ans) de Andréa Bescond et Mathieu Tucker. Le livre pour aider les plus petits à parler de tout sans tabous !
- “Corps, amour, sexualité" : les 120 questions que vos enfants vont vous poser” de Charline Vermont. Le premier guide d’éducation à la sexualité positive pour toutes les familles.
- “J’ai le droit de dire non” de Ophélie Célier, Thomas Piet, Fanny Vella. Les auteurs proposent aux petits et aux grands de découvrir les différentes formes de consentement que les enfants peuvent exiger (droit à l'image, le corps, etc.).

- “Tu dis, tu stoppes” est une mini-série de treize courts épisodes de 2 minutes, initiée par la fondation Make.org, ayant pour but de sensibiliser les enfants sur le pouvoir de la parole lorsqu’ils sont témoins ou victimes de violence. Voir notamment les épisodes suivants : “les câlins”, “les caresses”, “l’intimité”, “la douche”.

👉 À partir de 6 ans

- “Tout sur les zézettes et les zizis” (à partir de 6 ans) de Mademoiselle Caroline et Anna Roy.
- “Les petits illustrés de l’intimité” tome 1 2 3 4 (à partir de 6 ans) de Mathilde Baudy et Tiphaine Dieumegard. Inclusifs et sans tabous, ces livres ont reçu le label Santé de l’UNESCO.
- “Mon corps est mon corps” est un film de 43 minutes réalisé par Moira Simpson et produit par l’Office National du Film du Canada en 1985. “Il a pour but de fournir à l’enfant âgé de 6 à 12 ans les éléments de connaissance essentiels qui lui permettront de se protéger aussi bien contre les avances d’un inconnu que contre celles d’un proche parent ou d’une personne en qui il a confiance.” À la fin du film une chanson avec un refrain qui a le mérite d’être clair et qui reste dans toutes les têtes. Tant mieux !
- “Et si on se parlait” (pour les 7-10 ans) de Andréa Bescond et Mathieu Tucker. Le livre pour aider les moins petits à parler de tout sans tabous !
- “Mon corps m'appartient - Respect, intimité, consentement, parlons-en” (dès 7 ans) de Margot Fried-Filliozat, Isabelle Filliozat, Isabelle Maroger. Pour éclairer les enfants, accompagner les parents et les enseignants sur les questions de l’intimité, des violences sexuelles, de l’inceste, de la pédophilie, sans tabous.

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