đŸ€© ChĂ©rie, j'ai rĂ©trĂ©ci le dressing !

🧡 Bienvenue dans ce nouveau numĂ©ro des Petits rĂ©sistants, le mĂ©dia des parents qui rĂȘvent d’un monde plus vert et Ă©galitaire. Welcome Ă  tous les nouveaux abonnĂ©s qui nous ont rejoints ! Pour les curieux, le pourquoi du comment du mĂ©dia s’est Ă©crit ici.

👋 Pour donner le ton de cette Ă©dition, cette incroyable citation de l'Ă©conomiste Raj Patel :

“Tout revient Ă  la dĂ©cision individuelle de l'acheteur, mais ça ne devrait pas ĂȘtre le cas. C'est comme le cafĂ© Ă©quitable : moi j'achĂšte du cafĂ© Ă©quitable parce qu'on me donne le choix entre ça et du cafĂ© d'enflure, du cafĂ© qui exploite les enfants. On n'en veut pas, on ne veut pas de produit exploiteur. Mais pourquoi est-ce une option ? Pourquoi doit-on choisir, choisir de ne pas exploiter les gens, choisir de ne pas tuer les dauphins ? Pourquoi ces choix existent-ils ? Pourquoi doit-on s'inquiĂ©ter de tout ça ?”

On n’a pas mieux pour rĂ©sumer la charge mentale qui pĂšse sur les Ă©paules des consommateurs qui essayent de mieux faire. Des politiques publiques ambitieuses, des lois contraignantes, voilĂ  ce dont on a besoin. Et, champagne ! Le projet de loi destinĂ© Ă  rĂ©guler la fast fashion pourrait bien faire bouger les choses. On en parle dans l’actu principale. Un pont idĂ©al avec le portrait de la semaine dĂ©diĂ© Ă  une entrepreneure audacieuse d’une mode plus Ă©thique, Nathalie Parmentier, qui porte haut les couleurs de l’engagement.

🧡 Place au nouveau numĂ©ro. Bonne lecture Ă  toutes et Ă  tous !

#generationsolution

Au sommaire

1- En tĂȘte Ă  tĂȘte avec Nathalie Parmentier, en mode Ă©thique

2- L’actu qu’il fallait pas louper : fin de la rĂ©crĂ© pour la fast fashion

3- Le rĂ©cap’ en vrac d’infos engagĂ©es Ă  consommer sans modĂ©ration

4- La fausse bonne idée : faire taire les différences

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🧡 En tĂȘte-Ă -tĂȘte

Entretien avec une personnalitĂ© qui fait bouger le monde. De quoi semer les graines de l’engagement et cultiver l’optimisme.

Dans ce numĂ©ro, je rencontre Nathalie Parmentier, cofondatrice de PerpĂšte, la marque de mode familiale qui relĂšve le dĂ©fi de l’écoresponsabilitĂ© haut la main. Entretien.

Nathalie Parmentier co-fondatrice de PerpĂšte ©Audrey Ricoul

De la fast fashion Ă  la slow fashion

Il Ă©tait une fois une ancienne fast fashionista. Nathalie a la vingtaine et avec son diplĂŽme de marketing en poche enchaĂźne les expĂ©riences chez les grands du monde de la mode, ceux qui produisent beaucoup. Et loin. Son expertise ? Le merchandising. Son rĂŽle ? Mettre en valeur la marque et les produits pour dĂ©clencher l’achat. Le tout au service de multinationales et de la surconsommation. Et puis deux enfants plus tard, un passage au bio, au zĂ©ro dĂ©chet et Ă  une prise de conscience gĂ©nĂ©ralisĂ©e, la crise de sens pointe le bout de son nez. Avoir les deux pieds dans la rĂ©alitĂ© de la fast fashion et ses dĂ©rives, lui forge une conviction : l’urgence de penser des modĂšles de mode plus durables. Elle rencontre Sandra HĂ©teau, styliste et modĂ©liste, qui traverse les mĂȘmes turbulences de la crise de sens et cherche un nouveau dĂ©fi professionnel dans la mode Ă©thique. Le match est immĂ©diat. Ensemble, elles dĂ©cident de crĂ©er PerpĂšte, une marque de vĂȘtements pour enfant bien fabriquĂ©s, avec en 2018, un modĂšle de business carrĂ©ment innovant.

L’écoresponsabilitĂ© Ă  360 degrĂ©s

La promesse de PerpĂšte ? “Une alternative aux fringues qu’on jette pour des vĂȘtements qui durent PerpĂšte et Ă©pargnent la planĂšte"!”. La bonne formule : produire mieux (au Portugal avec des matiĂšres rĂ©sistantes et plus respectueuses de l’environnement) et moins. Avec des enfants qui grandissent et changent de dressing tous les 6 mois, le dĂ©fi du moins semble impossible. La solution PerpĂšte est celle de la consigne : comprendre, la reprise de tous les vĂȘtements PerpĂšte devenus trop petits, qu’ils soient impec’ ou pas, contre des bons d’achat (de 15 Ă  40% de sa valeur). Les retours sont ensuite rĂ©utilisĂ©s pour crĂ©er des piĂšces upcyclĂ©es et surtout revendus en seconde main sur le site de la marque. Et Ă  chaque round de vente, le site est pris d’assaut, tĂ©moignant de l’intĂ©rĂȘt de cette proposition Ă©coresponsable jusqu’au bout du fil. Nathalie confirme : “Nous avons de la fidĂ©litĂ© grĂące au modĂšle. Il y a des clients qui n’achĂštent que de la seconde main et d’autres qui passent le pas de la mode Ă©coresponsable car ils savent que les vĂȘtements sont de qualitĂ© et gĂ©nĂ©reront des bons d’achat ensuite chez nous.” Un cercle vertueux, en somme, et qui permet de lever le premier frein Ă  l’achat de la mode Ă©thique : celui du prix. Well done !

“La bonne formule de consommation c’est un mix de vĂȘtements rĂ©cupĂ©rĂ©s de la famille et des copains, avec des achats de seconde main. ComplĂ©ter ensuite, quand on peut, avec une piĂšce neuve bien produite pour soutenir le principe d’une mode plus durable.”

David contre Goliath

AprĂšs 5 annĂ©es d’existence, Nathalie se rĂ©jouit d’avoir su fĂ©dĂ©rer une communautĂ© et une clientĂšle fidĂšle (+de 20 000 personnes) auprĂšs de laquelle elle prĂȘche la bonne parole de la consommation responsable, expliquant les enjeux santĂ© et environnementaux autour de l’industrie textile, et mĂȘme de la dĂ©consommation empruntant le fameux et trop rare “Don’t buy this jacket” de la marque Patagonia. “On arrive Ă  planter des graines au fur et Ă  mesure et c’est gĂ©nial. Mais ce que je ne supporte plus, ce sont les discours des grosses enseignes qui se font un malin plaisir de brouiller les messages.” Marre du greenwashing et des rĂ©assurances marketing ? ““PensĂ© avec amour Ă  Paris”, “FabriquĂ© Ă  partir de fibres biologiques”, toutes ces mentions servent juste Ă  soigner la bonne conscience des gens et personne ne creuse parce que globalement le client est content.” Si la fast fashion est l’ennemi Ă  abattre, Nathalie voit Ă©videmment d’un bon oeil le projet de loi visant Ă  sa rĂ©gulation actuellement en discussion (voir “l’actu qu’il ne fallait pas louper”👇) en avouant un certain scepticisme quant Ă  son futur champ d’application, tant la fast fashion est surpuissante aujourd’hui.

Il n’empĂȘche, dans un contexte global tendance cauchemar pour l’industrie textile, les filles de PerpĂšte sont encore debout et mĂȘme en croissance (“à chaque gamelle on apprend!”) : “La mode et le textile, c’est compliquĂ© de maniĂšre gĂ©nĂ©rale. Beaucoup y vont la fleur au fusil en se disant que c’est sexy. Nous on savait que ça allait ĂȘtre dur et long. Alors on s’accroche.” Et nous, on vous remercie de faire bouger le monde.

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đŸ€ PerpĂšte aussi milite pour un monde plus vert et Ă©galitaire. “Same same but different”, la derniĂšre collection capsule de la marque en collaboration avec L’extraordinaire Marcel tĂ©moigne de cet engagement. 10% des bĂ©nĂ©fices seront reversĂ©s Ă  l’association Les Extraordinaires qui met en lumiĂšre la diffĂ©rence en employant notamment les personnes porteuses de handicap en milieu ordinaire. DĂ©couvrir par ici.

Collection capsule PerpĂšte X L’Extraordinaire Marcel ©Juliette Denis

đŸ€“ L’actu qu’il fallait pas louper

Nous sommes « le premier pays au monde Ă  lĂ©gifĂ©rer pour limiter les dĂ©rives de l'ultra-fast fashion », salue le ministre de la Transition Ă©cologique, Christophe BĂ©chu aprĂšs l’adoption de la proposition de loi par les dĂ©putĂ©s le 14 mars dernier visant Ă  rĂ©guler l’ultra-fast fashion pour limiter son impact environnemental dĂ©sastreux. De quoi se rĂ©jouir de cette rĂ©glementation historique ! MĂȘme si tout n’est pas encore ficelĂ©.

Que contient cette proposition de loi ?

  • Un malus environnemental
  • L’idĂ©e est “de faire jouer ces contributions sous la forme de bonus-malus comme ce qu’il y a dans l’automobile : les vĂȘtements qui polluent beaucoup, payent beaucoup, tandis que ceux qui ne polluent pas beaucoup, voire qui sont bĂ©nĂ©fiques Ă  l’écosystĂšme, ont des bonus.” comme le prĂ©cise Julia Faure, cofondatrice d’En mode climat.
  • L’indexation de ce bonus-malus se fera sur la base de l'affichage environnemental qui sera dĂ©ployĂ© prochainement : un genre de nutriscore du textile mis au point par l'Agence de la transition Ă©cologique Ă  Paris (Ademe). “Globalement, les marques qui produisent loin avec du polyester vont avoir une mauvaise note et les marques qui produisent localement avec des matiĂšres naturelles, bio, vont avoir de bonnes notes.” explique Julia Faure.
  • Interdiction de la publicitĂ© pour les produits de la mode express et de la promotion des entreprises, enseignes ou marques de fast fashion. Cette interdiction a Ă©tĂ© Ă©tendue par les dĂ©putĂ©s aux influenceurs commerciaux.
  • On en aurait donc fini avec les unboxing de colis Shein face camĂ©ra sur TikTok ?

Clap de fin pour la fast fashion ?

  • Le projet de loi n’est pas encore passĂ© par la case SĂ©nat.
  • On imagine que les lobbies s’agitent en coulisses pour tenter de dĂ©tricoter la loi. Un gros enjeu en particulier : quelles entreprises seront visĂ©es ? L’ultra fast fashion seulement ? Quid des H&M, Zara (qui passeraient presque pour des modĂšles du genre Ă©coresponsable depuis l’apparition de Shein et Temu) et des marques françaises comme DĂ©cathlon ou Kiabi qui produisent Ă©galement Ă©normĂ©ment ?
    • le texte adoptĂ© renvoie la balle Ă  l’exĂ©cutif chargĂ© de fixer par dĂ©cret les seuils chiffrĂ©s pour qualifier ou non une entreprise de fast fashion. Une porte ouverte Ă  la pression des lobbies. Affaire Ă  suivre.
  • L’éducation, grande absente de cette loi. Une loi pour limiter oui mais reste un boulot Ă©norme sur la sensibilisation des consommateurs sur le sujet de la consommation de vĂȘtements. Si notre gĂ©nĂ©ration d’adultes biberonnĂ©s aux minis prix dĂ©connectĂ©s de la rĂ©alitĂ© des vrais coĂ»ts de production aura sans doute du mal Ă  penser consommation responsable et dĂ©consommation, quid des plus jeunes ? Mettre sur la table le sujet de l’éducation textile paraĂźt incontournable pour opĂ©rer une vraie rĂ©volution du textile.

Parce que oui avec un tee-shirt Ă  3 euros, il y a forcĂ©ment quelqu’un ou quelque chose qui trinque sur la chaĂźne de productions.

💡 Si le sujet vous intĂ©resse, courez lire notre interview d’Anne-Charlotte Hartmann, fondatrice du Studio Abi avec lequel elle s’engage sur le sujet de l’éducation textile auprĂšs des enfants.

đŸ—žïž Le rĂ©cap’

Un condensĂ© d’infos engagĂ©es Ă  consommer sans modĂ©ration.

👉 #Weatherkids. À partir du 21 mars, des dizaines d’enfants participent dans le monde entier Ă  la prĂ©sentation de faux bulletin mĂ©tĂ©o prĂ©sentant les prĂ©visions de 2050 pour alerter sur les enjeux climatiques. « Pour vous, ceci n’est peut-ĂȘtre qu’un flash mĂ©tĂ©o. Mais pour nous, il s’agit de notre avenir. »

« Nos dĂ©cisions d’aujourd’hui dessineront l’avenir des gĂ©nĂ©rations Ă  venir. Cette campagne est un appel Ă  une action urgente pour le bien des populations et de la planĂšte », a insistĂ© CĂ©leste Saulo, secrĂ©taire gĂ©nĂ©rale de l’Organisation MĂ©tĂ©orologique Mondiale.

👉 Sephora Kids. Sur TikTok et Instagram, des filles de 8 Ă  13 ans vantent les mĂ©rites de crĂšmes anti-rides et autres produits destinĂ©s aux adultes, provoquant des ruĂ©es vers l’or chez Sephora. Le phĂ©nomĂšne pose le problĂšme du rapport aux Ă©crans, de la sexualisation des petites filles et la rĂ©duction de la femme Ă  son image et apparence physique en recherche d’une sorte de perfection, de la responsabilitĂ© des parents et celle des marques sur l’éducation des consommateurs.ices. Comme un joli pot-pourri des problĂšmes de sociĂ©tĂ© d’aujourd’hui. Allez, il faut que jeunesse se passe ! ;)

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đŸ™…đŸœâ€â™€ïž La fausse bonne idĂ©e

Je dĂ©bunke pour vous la fausse bonne idĂ©e du parent qui veut super bien faire. Because nobody’s perfect. Sauf ma mĂšre.

La JournĂ©e mondiale de la trisomie 21, cĂ©lĂ©brĂ©e chaque annĂ©e le 21 mars, est l’occasion de sensibiliser l’opinion publique Ă  la question de la diffĂ©rence et Ă  favoriser l’inclusion des personnes porteuses de cette anomalie gĂ©nĂ©tique dans tous les aspects de la sociĂ©tĂ©.

« Papa, pourquoi le monsieur marche de travers ? », « Maman, le petit garçon, pourquoi il a cette tĂȘte-lĂ  ? ». Ces scĂšnes du quotidien oĂč nos enfants se questionnent sur les diffĂ©rences et le handicap Ă  haute voix. TrĂšs haute voix. En pointant du doigt aussi parfois. Avec ce rĂ©flexe, pour nous adultes, de jeter un “chut” bruyant (suppliant ?), pour faire cesser la scĂšne, pour faire cesser la gĂȘne. Vous visualisez ?

On a interrogĂ© CĂ©line Syritellis, docteure en science du langage et experte en psychoĂ©ducation, sur le sujet. Et on est bien dĂ©solĂ©s pour vous, mais la stratĂ©gie de l’évitement autrement appelĂ©e “courage fuyons” n’est Ă©tonnamment pas la meilleure des options. 4 choses Ă  retenir en pareille situation :

  1. L’importance du rîle modùle des adultes

« La rĂ©action de l’adulte peut entĂ©riner les peurs de l’enfant et les cristalliser ».

Que perçoit notre enfant quand on lui demande de se taire ? Mon parent est mal Ă  l’aise = le handicap a quelque chose de tabou. C’est prĂ©cisĂ©ment l’écueil Ă  Ă©viter explique CĂ©line Syritellis qui invite donc les adultes Ă  « ĂȘtre le plus tranquille possible », et Ă  accueillir les remarques des enfants simplement.

  1. Parler du handicap dĂšs le plus jeune Ăąge sans en faire un tabou

“Il est nĂ©cessaire d’aborder le sujet dĂšs le plus jeune et de savoir poser des mots car les peurs naissent de la gĂȘne, du malaise, de l’incomprĂ©hension ou l’ignorance.”

  1. Apprendre aux enfants le langage adéquat

Il est important de « dire le mot personne avant de dire handicapĂ© » car « c’est un signal de dire qu’avant d’ĂȘtre un handicap tu es une personne ».

  • Encourager donc les plus petits Ă  parler de « personne handicapĂ©e » ou « personne en situation de handicap ».
  • Enseigner aux plus petits la notion d’empathie afin qu’ils comprennent que le handicap peut toucher n’importe qui, Ă  n’importe quel Ăąge.
  1. Éviter le misĂ©rabilisme

“Expliquez Ă  votre enfant que cette personne est diffĂ©rente mais que cette personne est capable. La personne handicapĂ©e n’est pas une personne Ă  protĂ©ger Ă  tout prix. On a trop souvent peur de heurter dans nos paroles, on est trĂšs, trop, prĂ©cautionneux pour ne pas blesser. Mais de facto, cela veut dire que l’on considĂšre les personnes handicapĂ©es comme plus fragiles.”

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Rappelez-vous. Les parents sont la premiĂšre fenĂȘtre des enfants sur le monde. Alors autant qu’elle s’ouvre du bon cĂŽtĂ© non ?

Crédit photo : François Dourlen

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